"Faire" son deuil...
"Alors... tu penses que tu as fait ton deuil maintenant ?"
Étrange expression, pas toujours appropriée selon moi.
On n'a pas "fait" son deuil, comme on a "fait" son travail, comme on a "fait" ce qu'il y avait à faire.
Cela présuppose qu'on aurait fini quelque chose.
Or on ne passe pas à autre chose, comme cela. On survit, on apprivoise la perte, on vit avec elle. On donne une différente forme, une tonalité autre à cette absence au fil du temps. Mais on ne "fait" pas son deuil. C'est un cheminement, comme un bâton flottant sur une rivière, au rythme du courant. Passant par des rochers, des torrents, des moments d'accalmie, de silence total.
Et non, on peut rarement imaginer ce que l'autre vit. Malgré les mots "j'imagine ta peine, je "comprends" ta douleur.
Chaque perte est éminemment personnelle.
On constate souvent une transformation dans son rapport aux autres et avec soi-même, dans ses valeurs et priorités de vie.
Parfois pris dans un tourbillon d’émotions où se parfois mêlent colère, peur, détresse, soulagement, culpabilité, etc. on essaie de s'y retrouver.
Le sommeil est bien souvent perturbé et le corps fragilisé.
Mais malgré tout, je reste éblouie par ces ressources insoupçonnées en nous pour faire face aux plus grandes souffrances que la vie peut parfois nous défier. C'est dans ce sens que mon souhait le plus cher dans l'accompagnement d'une personne traversant cette épreuve est :
a) d'identifier où se situe la personne dans certaines dimensions fondamentales du deuil
b) par des outils de la thérapie brève, l'aider à faire face au quotidien
b) la conscientiser de ses ressources en allant les toucher de plus près, aussi inaccessibles et inatteignables puissent-elles paraître. Pour que ce bâton flottant dans la rivière continue son chemin sans jamais se briser définitivement. Le deuil ne vise pas l’oubli de la personne aimée.